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En toutes lettres

Écrire, c’est laisser la mémoire faire son œuvre.

Construire des compétences pour structurer l’ESS

Proposition d'une approche intégrée du développement humain et organisationnel

L’économie sociale et solidaire – ou ESS – n’est pas seulement un secteur économique. Elle est une vision de la société, où l’économie est mise au service de l’humain, de l’inclusion, et de la durabilité.

Mais pour que cette ambition prenne forme, il faut un socle solide : des acteurs bien formés, des organisations bien structurées, et des dynamiques territoriales cohérentes. D’où l’importance du développement des capacités, à la fois individuelles et organisationnelles.

  1. Développement des capacités individuelles

Les structures ESS reposent sur des femmes, des hommes, des jeunes, souvent engagés, mais parfois mal outillés.

Objectif :

Permettre aux individus de :

  • prendre des décisions éclairées,
  • gérer efficacement une activité économique solidaire,
  • s’exprimer, défendre leur projet, et innover.

Compétences clés à développer :

  1. Compétences en gestion : comptabilité simplifiée, planification, organisation du travail.
  2. Leadership solidaire : gestion participative, capacité à motiver un groupe.
  3. Communication et plaidoyer : parler en public, négocier un partenariat, utiliser les réseaux sociaux.
  4. Entrepreneuriat social : comprendre les besoins du territoire, formaliser une offre utile et viable.
  5. Compétences numériques : outils de bureautique, plateformes de vente, e-financement.

Exemple :

 Un membre de coopérative formé à la gestion peut assurer le suivi de la trésorerie et améliorer la transparence, ce qui renforce la confiance des partenaires.

  1. Développement des capacités organisationnelles

Même avec des membres compétents, une organisation peut rester fragile si elle est mal structurée.

Objectif :

Donner à l’organisation les moyens de fonctionner durablement, de manière cohérente, transparente et performante.

Capacités clés à renforcer :

  1. Gouvernance démocratique : élection régulière, fonctionnement des instances, clarté des rôles.
  2. Planification et pilotage : vision stratégique, objectifs partagés, tableaux de bord.
  3. Gestion des ressources : mobilisation des financements, gestion des ressources humaines.
  4. Suivi-évaluation : capacité à mesurer les résultats, apprendre de l’expérience.
  5. Ancrage territorial et partenariat : capacité à coopérer avec d’autres acteurs (collectivités, ONG, entreprises).

Exemple :

Une coopérative qui formalise ses procédures et tient un plan d’action annuel est plus crédible auprès des bailleurs et peut mieux anticiper les risques.

  1. Articulation entre les deux niveaux

Le développement des capacités individuelles et organisationnelles est interdépendant :

Individus formés

Structures mieux gérées

Structures organisées

Épanouissement des membres

 

Les meilleurs outils, sans implication humaine, ne suffisent pas. Et les meilleures personnes, sans structure stable, s’épuisent.

En renforçant les capacités humaines et organisationnelles, nous ne formons pas seulement des individus ou des structures : nous bâtissons des communautés autonomes, des territoires solidaires, et une économie réellement au service de l’humain.

« Investir dans les capacités, c’est planter les graines de la transformation. »

  1. Les principaux problèmes de mise en œuvre d’un plan de renforcement des capacités

1. Mauvais diagnostic des besoins réels

Souvent, les plans sont élaborés sans une analyse participative et fine des besoins réels des bénéficiaires (individus ou structures).
Conséquence : Les formations sont trop générales, inadaptées ou redondantes, ce qui limite leur utilité et leur impact.

2. Approche descendante et non participative

Le plan est imposé « d’en haut », sans impliquer les bénéficiaires dans la conception ou la priorisation des actions.
Conséquence : Faible appropriation, résistance au changement, et absence de continuité après la fin du programme.

3. Faible continuité et accompagnement post-formation

Beaucoup de plans se limitent à des sessions ponctuelles sans suivi, ni coaching ou accompagnement individualisé.
Conséquence : Les acquis ne sont pas consolidés, les bénéficiaires restent seuls face aux difficultés de mise en pratique.

4. Manque de contextualisation

Les contenus ne sont pas adaptés aux réalités locales (niveau d’éducation, langue, culture, contraintes économiques ou sociales).
Conséquence : Incompréhension, désengagement ou incapacité à transposer les apprentissages dans la pratique.

5. Ressources humaines et pédagogiques insuffisantes

Formateurs peu expérimentés ou absents du terrain, supports inadaptés, absence d’outils pédagogiques modernes.
Conséquence : Faible qualité de la formation, effet limité sur les capacités réelles des participants.

6. Absence de coordination entre les acteurs

Manque de synergie entre les différents intervenants (ONG, institutions publiques, partenaires techniques…).
Conséquence : Redondance, gaspillage de ressources, messages contradictoires ou dispersion des efforts.

7. Problèmes logistiques et contraintes matérielles

Difficultés d’accès aux lieux de formation, calendrier inadapté, manque d’équipement.
Conséquence : Absences, retards, faible participation des publics cibles (notamment femmes ou jeunes ruraux).

8. Faible suivi-évaluation de l’impact

Absence d’indicateurs clairs ou de dispositifs de mesure des résultats à moyen/long terme.
Conséquence : Difficile de savoir si les capacités ont réellement été renforcées, ni comment améliorer les actions futures.

  1. Recommandations
  1. Réaliser un diagnostic participatif et contextualisé
     
  • Impliquer les bénéficiaires dès le début pour identifier leurs besoins spécifiques.
  • Adapter les outils de diagnostic au contexte socio-culturel, au niveau d’éducation et à la réalité économique des territoires.
  1. Concevoir des parcours de renforcement hybrides et progressifs
  • Combiner des formations en présentiel, du coaching individuel, et des modules numériques.
  • Prévoir une montée en compétences graduelle : de la sensibilisation à la professionnalisation.
  1. Ancrer l’intervention dans une logique de proximité
  • Mobiliser des formateurs locaux ou issus du territoire pour garantir l’adéquation linguistique et culturelle.
  • Prévoir des formats de formation flexibles (horaires, lieux, durée) pour toucher les publics les plus éloignés.
  1. Institutionnaliser un accompagnement post-formation
  • Intégrer un dispositif de suivi post-formation : mentorat, visite de terrain, hotline technique, groupes WhatsApp d’échange entre pairs.
  • Prévoir un suivi sur 6 à 12 mois minimum pour mesurer l’évolution et consolider les acquis.
  1. Favoriser l’apprentissage entre pairs et la capitalisation
  • Organiser des sessions de partage d’expériences entre structures ESS (visites croisées, forums locaux).
  • Documenter les bonnes pratiques sous forme de fiches simples et accessibles.
  1. Renforcer les compétences des formateurs et accompagnateurs
  • Former les formateurs à la pédagogie adaptée à l’ESS et aux adultes (andragogie, animation participative).
  • Développer des modules spécifiques pour l’accompagnement de publics sensibles (jeunes déscolarisés, femmes rurales…).
  1. Améliorer la coordination et la complémentarité entre acteurs
  • Créer un cadre de concertation régulier entre institutions, ONG, coopératives et collectivités locales.
  • Cartographier les dispositifs existants pour éviter les doublons et mieux articuler les interventions.
  1. Mettre en place un système de suivi-évaluation participatif
  • Définir des indicateurs simples, co-construits avec les bénéficiaires.
  •  Mesurer à la fois les résultats (changement de pratique, gouvernance renforcée…) et l’impact (chiffre d’affaires, emplois créés, reconnaissance locale…).
  1. Intégrer une approche genre et inclusion
  • Concevoir des programmes tenant compte des obstacles spécifiques rencontrés par les femmes, les jeunes et les personnes en situation de vulnérabilité.
  • Suivre la participation et les effets différenciés selon le genre et l’âge.
  1. Prévoir une stratégie de pérennisation
  • Identifier des relais locaux (fédérations, institutions, centres d’appui) pour assurer la continuité après la fin du projet.
  • Travailler sur l’autonomisation progressive des structures accompagnées (plan de durabilité, diversification des ressources).
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