Je rêve

Je rêve des murs de la ville blanchis par la chaux,
Comme le faisaient les femmes aux premiers jours chauds ;
Je rêve de l'odeur du café montant des fenêtres,
Du jasmin embaumant les passants et les êtres ;
Je rêve des enfants parcourant le quartier,
Comme l'eau qui circule, semant la vie en entier.
Et je continue de rêver...

Je rêve que les oliviers retrouvent leur verdure,
Que les amandiers fleurissent sur les hauteurs en parure ;
Que les figues apparaissent sur les branches doucement,
Sous le regard attentif de l'aube et du vent.
Je rêve...

Je rêve de voir les paysans partir avec l'aurore,
De voir les oiseaux revenir quand la lumière s'endort ;
De sentir l'espoir grandir dans le cœur des enfants,
Pour qu'ils portent demain avec fierté, fièrement.
Et je continue de rêver...

Je rêve des clubs retrouvant leurs activités,
Des centres qui reprennent leurs responsabilités ;
Je rêve d'une population consciente et engagée,
Qui connaît ses droits et accomplit ses devoirs avec fierté.
J'ai le droit de rêver...

Je rêve d'une ville prospère et vivante,
De droits respectés et de dignité constante ;
Je rêve des besoins essentiels garantis pour chacun,
Pour que la vie soit douce, pour que la vie soit sereine.
Et je continue de rêver...

Je rêve du chardonneret près des ruisseaux,
De la source et des cascades redonnant l'eau ;
De la source de Jemjama et les plaines de Khoman attirant les marcheurs,
Des montagnes de Bab Al-Rmila accueillant les rêveurs.
J'ai le droit de rêver...

Je rêve de tournois de football dans les ruelles étroites,
De musiciens déambulant dans les rues avec leurs voix droites ;
De la maison des jeunes retrouvant son élan,
De concours de lecture, de dessin, de course et d'ânons trottant.
Et je continue de rêver...

Je rêve de tant de choses qui étaient autrefois,
Et de tant d'autres que je n'ai jamais pu voir ici-bas ;
Je rêve de lieux figés dans le temps immuable,
De personnes bonnes, même si la vie parfois se fait coupable.
Je rêve... et je rêve... et je rêve...
Et chaque rêve nourrit l'amour pour Zerhoune, fidèle et doux comme un aveu.